Pourquoi M se refusa-t-elle à moi ce soir-là ?
Pourquoi une femme se refuse-t-elle au dernier moment à un homme ?
POURQUOI ?
Pour Madame de Clèves, on sait, plus ou moins (parce qu’elle est fidèle à son mari puis, une fois veuve, parce qu’elle est certaine que Nemours la quittera si elle se donne à lui car « ainsi sont les hommes »).
Pour Le Lys dans la vallée, on sait aussi (Blanche-Henriette est un modèle de vertu et demeure jusqu’au bout dévouée à son affreux mari, quoi qu’il lui en coûte).
De même que pour Conchita, dans Cet obscur objet du désir (selon Buñuel, « Conchita éprouve un sentiment sadique. Elle profite de Mathéo. Elle sait qu’elle devrait le satisfaire mais, en même temps, elle le hait à mort et, finalement, c’est le seul lien qui existe entre eux. » Cependant, le fait que deux actrices incarnent le même personnage suggère aussi un conflit intérieur, un dédoublement de la personnalité, que seule unit la voix de la comédienne qui (bizarrement non créditée au générique, comme un déni) double les deux Conchita).
On sait aussi pour La Femme et le Pantin, de Pierre Louÿs (Conception se refuse d’abord par intérêt financier, mais surtout, elle prend plaisir à faire souffrir André autant qu’à souffrir elle-même et, finalement, elle avoue ne se sentir aimée que lorsque André la bat et la viole).
Pour sa part, Andromaque refuse les avances de Pyrrhus par fidélité à Hector, bien que son glorieux mari soit mort (« Ma flamme par Hector fut jadis allumée / Avec lui dans la tombe elle s’est enfermée »). Tandis qu’Hermione se refuse à Oreste car elle aime Pyrrhus qui aime Andromaque, et ainsi Racine développe-t-il l’idée que l’on n’aime jamais la bonne personne.
Et je ne parle pas de Lysistrata (Le refus d’être le repos du guerrier et, par cette abstinence qui lui coûte autant qu’aux autres femmes ralliant son combat, obliger les hommes à cesser de s’entretuer et faire de leurs épouses des veuves).
Et ne parlons pas de la pucelle d’Orléans.
Et cetera.
Okay.
Pour les grandes héroïnes, on sait, plus ou moins.
Mais encore ?
Mais dans « la vraie vie » ?
Pourquoi une femme se refuse-t-elle à un homme et se refuse-t-elle à lui au dernier moment ?
À un homme ou à une femme, là n’est pas la question.
J’ai fait un petit sondage autour de moi. Un de plus (voir page 112).
Lui aussi vaut ce qu’il vaut, ni plus ni moins ; mais au vu des réponses qui m’ont été faites, réponses de toutes sortes, orales ou par écrit, réponses incroyablement disparates, réponses – comment dire ?
À toi de le dire ! Moi, je sèche. Je ne sais pas quoi en penser. Pas dans l’état dans lequel M me mit après la scène du rebord de la cheminée.
Ce pourquoi je livre telles quelles les réponses que j’ai obtenues, à la façon d’un petit test à faire chez soi, seul(e) ou entre ami(e)s, après avoir peut-être tiré au pistolet dans son salon et dessiner sur une feuille de papier son sexe ainsi que celui de son conjoint – je suis pour les soirées réussies !
Pourvu que l’on soit honnête avec soi-même, l’esprit concentré, en fouillant dans sa mémoire les raisons pour lesquelles on se refusa un jour à un homme alors qu’on était à deux doigts de succomber (je m’adresse ici aux femmes).
Afin que rien ne se perde. Pour l’édification des foules (notamment masculines) et qu’elles aient un aperçu de ce que veut dire une femme lorsqu’elle dit non. Pour savoir ce que cache ce petit mot de trois lettres et libérer tous les mots qu’il contient. Pour que chacun admette qu’une femme peut avoir énormément de raisons de se refuser à un homme (ou à une femme), quoi que puissent valoir ces raisons.
Sachant :
petit 1) que si une femme découvre qu’elle s’est un jour refusée à un homme pour une raison que mon petit sondage ignore, qu’elle n’hésite pas à poster un commentaire (voir « Leave a comment » en bas de page). Sa réponse viendra alimenter la réflexion ;
petit 2) qu’il ne s’agit pas ici d’une étude sociologique, non, il s’agit d’ouvrir une boîte noire. De là l’anonymat des réponses, sans mention de l’âge, de la religion, du niveau social, etc.
petit 3) que très nombreuses ont été les femmes à déclarer qu’elles n’avaient jamais dit non à un homme (ou à une femme) qui voulait coucher avec elles – « pas si folles ! » Même si elles n’en avaient pas torridement envie et peut-être faudrait-il aussi savoir ce que dit une femme quand elle dit oui. Ce que cela cache. Mais ce sera pour une autre fois ;
petit 4) plusieurs femmes ont, peu ou prou, donné la même explication à leur refus ; ce dont mon petit sondage ne rend pas compte car plus que leur fréquence, c’est la nature des réponses qui importe ici.
Petit 5) enfin, je n’oublie que Pierre Bourdieu, en 1986, disait que « les sondages imposent aux gens des questions idiotes ou des questions qui n’intéressent que ceux qui les posent. Ce qui fait qu’ils produisent des réponses complètement artificielles. »
Okay ?
Allons-y Alonzo.
Cinq quatre trois deux un… partez !
Pourquoi une femme se refuse-elle au dernier moment à un homme ?
POURQUOI ?
« J’ai refusé parce qu’au dernier moment, alors qu’on s’embrassait et tout, il m’a avoué qu’il avait une meuf. »
« J’ai préféré qu’on en reste là parce que tout le village l’aurait su le lendemain. »
« Le mec puait et ce n’était vraiment pas possible. Alors que j’avais très envie de lui. Mais son odeur : je n’ai pas pu. »
« Il embrassait trop mal. Ce que j’ai découvert un peu tard, mais pas trop tard cependant… »
« Une fois, j’ai refusé parce que j’avais envie de faire caca. Mais impossible de le lui dire. Il a cru que je n’avais pas envie de lui, mais c’était faux. Il n’a pas insisté. On en est restés là. Je le regrette. »
« Il était trop brutal, trop entreprenant. Je ne sais pas. Je l’ai trouvé bizarre, hypernerveux et je n’ai pas eu envie d’aller plus loin. »
« Une fois, j’ai eu la flemme. Tout simplement. »
« Parce que ce soir-là, je n’avais pas assez bu. Pour coucher avec un homme, il faut que je sois un minimum ivre, sinon ça ne le fait pas. Je n’arrive pas à me laisser aller. Et il n’y avait rien à boire chez lui. Nul ! »
« Une fois, j’avais mes règles. Une autre fois, il était marié et j’aimais bien sa femme. Sans quoi, je n’aurais pas hésité. Ah, et une autre fois, j’ai dit non parce que c’était mon meilleur pote. On s’était roulé des pelles et juste au moment où ça commençait à devenir hyperchaud, j’ai dit qu’on ne pouvait pas. Ça ficherait en l’air notre amitié. Il a été d’accord. Mais sur le moment, c’était très intense. Ce qui est bien, c’est qu’on est restés amis et, parfois, on rigole de cette soirée. On se chauffe un peu. Mais lui est maqué maintenant, alors… En plus, sa meuf est super-jalouse de moi ! »
« Je sentais chez lui un désir trop fort de relation hypersérieuse alors que je voulais juste me le faire. »
« Ce soir-là, j’avais trop mal à la chatte parce que j’avais déjà donné la nuit d’avant. »
« Pour comprendre, il faut savoir que ma mère disait tout le temps qu’un homme, ce sont des belles épaules. C’est une carrure. C’est une épaule sur laquelle se reposer. Etc. Or, je devais avoir trente-cinq ans et un homme était amoureux de moi. Moi, je ne savais pas ce que j’éprouvais réellement pour lui. Mais un soir, j’ai décidé d’aller chez lui. Je me disais que je tomberais peut-être amoureuse si ça se passait bien. J’avais envie de tomber amoureuse et c’était un homme très bien. Donc, on passe la soirée, on s’embrasse, c’était bien. Lui a commencé à se déshabiller, il a ôté son pull, sa chemise, et là j’ai vu ce que je n’aurais jamais dû voir : il était taillé comme une bouteille de Perrier ! C’était affreux. Je n’ai pas pu. À cause de ma mère, finalement… »
« Je passe les fois où j’avais vraiment la migraine. »
« Je me suis dit que le lendemain matin, ça ne le ferait pas. Le découvrir au réveil dans mon lit : non ! On a continué de flirter et j’ai fini par lui demander de s’en aller. »
« Il me plaisait mais une fois chez lui, je l’ai trouvé très con. »
« Cet abruti considérait cela comme un dû. Un acquis. Comme ces mecs qui te mettent la main au cul comme ça, sans dire bonjour ni rien. Les manières n’y étaient pas. Évidemment, je ne lui ai rien dit. J’ai prétexté que je me levais super-tôt le lendemain et je me suis sauvée. »
« Après une fête, je suis rentrée chez moi avec un garçon que j’avais embrassé fougueusement une bonne partie de la soirée. Je le connaissais vaguement mais c’était la première fois qu’il se passait quelque chose entre nous. Sur le moment c’était assez fort. Je me suis pourtant refusée à lui, je ne sais pas, c’est assez indescriptible. Mais je sais avoir pensé à un moment qu’il ne me rappellerait jamais après. Ce qui a été le cas. »
« Je me suis dit qu’il ne me méritait pas. Au dernier moment, c’est vraiment ce que j’ai pensé. »
« À l’époque, j’étais bien décidée à rompre et, un soir, me voilà alcoolisée en train de ramener le beau gosse à la maison, que je venais de rencontrer dans une soirée. Nous voici torse nu sur mon canapé, commençant des préliminaires qui ne laissaient aucun doute sur la suite des événements. Lorsque me levant pour monter le son de la musique, il a dit : “Come to me baby !” J’ai aussitôt dessoûlé. Putain, j’étais encore tombée sur un tocard. Sans explication mais avec courtoisie, je lui ai demandé de se rhabiller et l’ai raccompagné à un taxi. Faut pas me déchauffer, moi, madame ! »
« Je n’étais pas épilée et impossible qu’il me voie dans cet état ! Absolument impossible ! »
« J’étais indisposée ce soir-là et je l’ai arrêté avant qu’il s’en rende compte. »
« Je portais ce soir-là une hideuse culotte de grand-mère (que moi j’adore). »
« Il était charmant mais ses sous-vêtements : ils étaient crades. Ça m’a dégoûtée. »
« J’ai eu peur que ce soit nul. »
« J’ai eu peur que ce soit trop bien. »
« Un jour je me suis refusée à un homme parce qu’on bossait ensemble et que je connaissais son ex. Et puis je le trouvais trop beau, super-intelligent, etc. : le mec parfait ! Je ne comprenais pas ce qu’il me trouvait. Du coup, un soir, il me raccompagne en bas de chez moi et, là, je lui dis non. Lui insiste, dit que c’est tout de même dommage… Rien à faire. Ma décision était prise ! De savoir que j’étais en train de faire une croix sur lui, je me rappelle en avoir ressenti sur l’instant une grande liberté, une espèce d’euphorie (comme quand tu as décidé de larguer un mec et il ne le sait pas encore… ah ah !). Bref, je lui donne une bise et je tourne les talons, le plantant là. Voilà comment je me suis refusée à l’homme… qui est finalement devenu mon compagnon. Car la semaine suivante je l’ai mis dans mon lit, faut pas déconner non plus ! »
« Un jour, je me suis enfuie juste avant de passer à la casserole en prétextant qu’on me livrait une Freebox très tôt le lendemain matin. Je ne lui ai pas dit qu’il ressemblait affreusement à un garçon que j’avais aimé des années auparavant et c’était trop bizarre. »
« J’avais juste envie de le faire chier. »
« Au dernier moment, c’est devenu – comment dire ? C’était trop prévisible, tellement convenu, ça m’a complètement angoissée. C’était comme si on était obligés de le faire et ça m’a coupé l’envie. »
« Il ne le savait pas, mais j’étais vierge et je voulais le rester le plus longtemps possible (j’avais 22 ans à l’époque). »
« On était en train de s’embrasser et tout, lorsqu’il m’a dit que cela faisait deux ans qu’il n’avait pas couché avec une femme et ça m’a complètement refroidie. C’est bizarre de ne pas faire l’amour pendant deux ans, non ? Je me suis dit que ça cachait quelque chose et je n’avais pas envie de savoir quoi. En tout cas, ce n’est pas avec moi qu’il a recommencé à faire l’amour. »
« J’ai eu peur qu’il me prenne pour une fille facile. Je regrette aujourd’hui parce que cela ne s’est finalement jamais fait avec lui. »
« Je lui ai dit non et pas qu’une fois ! Parce que je voyais bien que ça l’excitait. Il rampait carrément à mes pieds et moi, ça me plaisait de le sentir tout frétillant. J’avais l’impression de pouvoir faire de lui ce que je voulais. J’avais LE pouvoir ! C’était la première fois (et la dernière fois) que je menais un garçon par le bout du nez. C’était paradoxal. D’un côté, je le méprisais de s’avilir à ce point et, d’un autre côté, ça m’excitait qu’il s’humilie. C’était super-pervers. Complètement addictif. Je l’excitais et je le laissais chaque fois en plan au dernier moment. Il devenait fou ! Et moi aussi je n’en pouvais plus. Mais je n’ai jamais cédé. J’adorais trop avoir ce pouvoir-là sur un homme. J’ai fini par tout arrêter parce que ça devenait glauque. J’ai profité des vacances d’été pour couper les ponts. Le pauvre a toujours cru que je finirais par céder, mais moi, je savais qu’il n’en serait jamais question. »
« Je voulais rendre jaloux un garçon et, à une soirée où il était, je suis partie avec son meilleur copain. Sur l’instant, ça m’a super-excitée. Je savais que le garçon que je convoitais nous avait vus. Mais une fois chez le copain, toute l’intensité est retombée et je suis partie assez vite. Le pauvre n’a rien compris ! J’ai appris par la suite que le garçon qui me plaisait n’en avait rien à fiche que je couche avec son meilleur ami. Il n’en avait rien à fiche de moi. En plus, je crois que son meilleur copain m’a plutôt débinée – genre j’étais une allumeuse, etc. »
« Parce que je ne me donne pas comme ça. Et surtout pas le premier soir. Je suis très longue à me donner. Et si le garçon ne le comprend pas, tant pis pour lui. Je passe à autre chose. »
« Je ne l’aimais pas assez. »
« Je ne l’aimais pas tout court. »
« Il ne m’aimait pas. Il voulait juste coucher. »
« Il avait trop de maîtresses et je ne voulais pas qu’il m’ajoute à sa collection. Je ne suis pas un trophée. Et ça m’a bien plu de me refuser à lui alors qu’il croyait que c’était du tout cuit. »
« Parce que j’ai peur du sexe. Cela me fait trop d’effet. »
« Parce que lui dire non a été une façon de tester son désir. Heureusement il m’a rappelée. »
« Pour préserver ma réputation. »
« Il n’était pas assez riche. »
« Chez lui, c’était nul. Je n’ai pas du tout aimé l’endroit. Il n’y avait aucun livre nulle part et c’était trop chelou. C’est super-important de voir où vivent les gens. Ça en dit long sur eux. J’ai fait semblant de recevoir un texto et je me suis éclipsée. »
« Sur le moment, c’était un calcul pour qu’il me rappelle. C’était purement stratégique. Et ça a marché. »
« Je me suis dit qu’une fois que ce serait fait, il me jetterait comme une vieille chaussette. Il aurait eu ce qu’il voulait et il se tirerait comme les autres. J’ai préféré prendre les devants. »
« Je me suis dit que si on couchait ce soir-là, l’excitation retomberait. Or, j’avais envie de prolonger la tension sexuelle qu’il y avait entre nous. De la prolonger le plus longtemps possible. Une fois qu’on aurait baisé, je savais que ce ne serait plus pareil. Ce serait moins bien. On ne faisait donc que se caresser et j’ai connu des orgasmes vraiment intenses juste en flirtant avec lui (même si les flirts étaient assez poussés…). Bien plus intenses que lorsqu’on a fini par faire l’amour et j’ai d’ailleurs regretté d’avoir fini par céder. Je suis définitivement pour le flirt. »
« Parce que j’en ai marre de faire semblant et de compter les moutons pendant que l’autre prend son pied. »
« Parce que je ne suis pas douée au lit. Je crois que je n’aime pas ça. »
« Parce que je ne peux plus depuis ma maladie (un cancer du sein). Mon corps me dégoûte. Je n’ai plus confiance. »
« C’était juste pour le plaisir de dire non et de voir ce qui allait se passer. Bon, c’était nul finalement. »
« Parce que j’avais mon fils à la maison ce soir-là et j’ai eu tellement peur qu’il se réveille et qu’il débarque dans la chambre et me surprenne avec un homme qui n’était pas son père. En tant que maman, ce n’était pas possible. »
« Sur le moment, je lui ai dit non pour rire. Comme un jeu. Mais lui l’a très mal pris. Du coup, j’ai vu un aspect de sa personnalité que je ne soupçonnais pas et ça a été rédhibitoire. »
« Parce qu’il n’était pas le Prince Charmant. Ah ah ah. »
« Parce qu’il était trop beau. C’est bête à dire, mais j’ai pensé que je ne le méritais pas. »
« Parce que j’avais une bartholinite. »
« J’avais une MST à ce moment-là mais j’ai bien regretté. Bien sûr, je ne le lui ai pas dit. »
« Un soir, il est passé à l’improviste avec un ami et c’était clair que c’était pour un plan à trois. Je n’avais jamais fait ça, mais avec lui et son ami, je me suis sentie incroyablement partante. Ça m’a tout de suite excitée. Mais j’avais des copines à la maison ce soir-là et impossible de les virer. C’était trop embarrassant. Devant elles, j’ai eu honte, alors que moi, je n’avais pas honte du tout. Ils sont restés une petite heure et quand ils ont compris qu’il ne se passerait rien, ils sont partis. J’en veux encore à mes copines de n’avoir pas compris qu’elles devaient s’en aller. Et je m’en veux encore plus de n’avoir pas osé. C’était vraiment une occasion unique de réaliser un fantasme. Et plus jamais ce genre d’occasion ne s’est présenté. »
« À ce moment-là, ce n’était pas le bon moment. »
« À ce moment-là, je couchais utile. Il me plaisait bien, mais bon. Cela ne m’aurait rien apporté. »
« Parce que je suis lesbienne, c’est aussi simple que ça. Mais lui ne m’a pas crue. Ça l’a complètement déstabilisé. Il m’a bien fait rire sur le coup. On est devenus amis. »
« Parce que tout le monde baise de nos jours. C’est trop facile. C’est comme si coucher n’avait plus aucune importance. Eh bien non… Même si j’ai très envie d’un garçon, je ne veux pas qu’on couche comme ça. »
« Parce qu’il ne savait pas y faire. Un vrai empoté. Aucune sensualité. Un gros nul. J’ai le chic pour me tromper, je ne sais pas pourquoi. »
« Je n’ai pas aimé sa peau. C’est compliqué à expliquer, mais cela a été immédiat. »
« Il était super-velu, avec des poils sur les épaules et tout – un vrai singe ! Quand j’ai vu ça, ça m’a dégoûtée. »
« À un moment, j’ai réalisé qu’il en avait une minuscule et j’ai préféré qu’on en reste là. Alors qu’il me plaisait beaucoup. Bien sûr, je ne lui ai rien dit. J’ai commencé à lui raconter que ma vie était compliquée, etc. De sorte qu’il comprenne qu’entre nous c’était plus ou moins fini. Malgré tout, je pense qu’il n’a pas été dupe… Je pense que je ne devais pas être la première à lui faire le coup. »
« J’ai senti qu’il en avait une énorme, mais vraiment énorme, et ça m’a fait peur. Je suis sûre que j’aurais eu mal. »
« On n’avait pas de préservatifs et je lui ai dit que ce n’était pas possible. Je ne voulais pas prendre ce risque. Et lui non plus ne pouvait pas prendre le risque. Il a fini par admettre que j’avais raison. N’empêche, c’était vraiment frustrant et depuis, j’ai toujours un préservatif dans mon sac. On a regardé un DVD et on s’est endormis très sagement – je crois que c’était un DVD de Woody Allen. »
« Parce que ce sondage est fait par un homme. »
« Parce que c’est la bague au doigt, sinon rien. »
« Parce que je suis trop vieille maintenant. »
« Parce qu’il était trop vieux. »
« Parce que j’étais trop jeune à l’époque. »
« Parce qu’on accepte déjà tout le reste (le boulot, les cons, le chien des voisins…) et ça fait du bien de pouvoir refuser au moins quelque chose. »
« Parce que my heart belongs to daddy. J »
« Parce que ma mère en a tellement chié avec mon père et j’ai retenu la leçon. Je ne veux pas être malheureuse comme elle. Dès que je sens que ça pourrait marcher, je m’enfuis. Je me débrouille pour faire foirer le truc. C’est comme si je m’approchais le plus possible d’une flamme pour m’en écarter au dernier moment. »
« Parce que je suis très lente et qu’il était trop pressé. »
« Parce qu’il n’avait aucun humour au lit. J’ai compris ça très vite et, pour une fois, plutôt que de ne rien dire et de faire comme si tout allait bien pour moi alors que c’était faux, j’ai dit que je ne me sentais pas bien et je suis partie. »
« Parce que je n’ai aucun humour. »
« Parce que je suis complètement coincée. »
« Parce que j’ai dû mal à prendre du plaisir dès que je sens que l’autre pourrait en prendre avec moi. J’ai l’impression qu’il cherche à me l’extorquer. Du coup, il m’arrive souvent de refuser au moment où je devrais dire oui. »
« Parce que si le type obtient ce qu’il veut, il me plaquera. »
« Parce que si le type obtient ce qu’il veut, il va tomber amoureux, il va s’accrocher et je ne pourrais plus m’en débarrasser. »
« Parce que je manque d’assurance. »
« Parce que j’en ai rien foutre. »
« Je ne sais pas pourquoi j’ai dit non ce soir-là, mais j’ai dit non. C’est comme ça. »
À suivre…
Pourquoi M se refusa-t-elle à moi ce soir-là ?
Pourquoi une femme se refuse-t-elle au dernier moment à un homme ?
POURQUOI ?
Pour Madame de Clèves, on sait, plus ou moins (parce qu’elle est fidèle à son mari puis, une fois veuve, parce qu’elle est certaine que Nemours la quittera si elle se donne à lui car « ainsi sont les hommes »).
Pour Le Lys dans la vallée, on sait aussi (Blanche-Henriette est un modèle de vertu et demeure jusqu’au bout dévouée à son affreux mari, quoi qu’il lui en coûte).
De même que pour Conchita, dans Cet obscur objet du désir (selon Buñuel, « Conchita éprouve un sentiment sadique. Elle profite de Mathéo. Elle sait qu’elle devrait le satisfaire mais, en même temps, elle le hait à mort et, finalement, c’est le seul lien qui existe entre eux. » Cependant, le fait que deux actrices incarnent le même personnage suggère aussi un conflit intérieur, un dédoublement de la personnalité, que seule unit la voix de la comédienne qui (bizarrement non créditée au générique, comme un déni) double les deux Conchita).
On sait aussi pour La Femme et le Pantin, de Pierre Louÿs (Conception se refuse d’abord par intérêt financier, mais surtout, elle prend plaisir à faire souffrir André autant qu’à souffrir elle-même et, finalement, elle avoue ne se sentir aimée que lorsque André la bat et la viole).
Pour sa part, Andromaque refuse les avances de Pyrrhus par fidélité à Hector, bien que son glorieux mari soit mort (« Ma flamme par Hector fut jadis allumée / Avec lui dans la tombe elle s’est enfermée »). Tandis qu’Hermione se refuse à Oreste car elle aime Pyrrhus qui aime Andromaque, et ainsi Racine développe-t-il l’idée que l’on n’aime jamais la bonne personne.
Et je ne parle pas de Lysistrata (Le refus d’être le repos du guerrier et, par cette abstinence qui lui coûte autant qu’aux autres femmes ralliant son combat, obliger les hommes à cesser de s’entretuer et faire de leurs épouses des veuves).
Et ne parlons pas de la pucelle d’Orléans.
Et cetera.
Okay.
Pour les grandes héroïnes, on sait, plus ou moins.
Mais encore ?
Mais dans « la vraie vie » ?
Pourquoi une femme se refuse-t-elle à un homme et se refuse-t-elle à lui au dernier moment ?
À un homme ou à une femme, là n’est pas la question.
J’ai fait un petit sondage autour de moi. Un de plus (voir page 112).
Lui aussi vaut ce qu’il vaut, ni plus ni moins ; mais au vu des réponses qui m’ont été faites, réponses de toutes sortes, orales ou par écrit, réponses incroyablement disparates, réponses – comment dire ?
À toi de le dire ! Moi, je sèche. Je ne sais pas quoi en penser. Pas dans l’état dans lequel M me mit après la scène du rebord de la cheminée.
Ce pourquoi je livre telles quelles les réponses que j’ai obtenues, à la façon d’un petit test à faire chez soi, seul(e) ou entre ami(e)s, après avoir peut-être tiré au pistolet dans son salon et dessiner sur une feuille de papier son sexe ainsi que celui de son conjoint – je suis pour les soirées réussies !
Pourvu que l’on soit honnête avec soi-même, l’esprit concentré, en fouillant dans sa mémoire les raisons pour lesquelles on se refusa un jour à un homme alors qu’on était à deux doigts de succomber (je m’adresse ici aux femmes).
Afin que rien ne se perde. Pour l’édification des foules (notamment masculines) et qu’elles aient un aperçu de ce que veut dire une femme lorsqu’elle dit non. Pour savoir ce que cache ce petit mot de trois lettres et libérer tous les mots qu’il contient. Pour que chacun admette qu’une femme peut avoir énormément de raisons de se refuser à un homme (ou à une femme), quoi que puissent valoir ces raisons.
Sachant :
petit 1) que si une femme découvre qu’elle s’est un jour refusée à un homme pour une raison que mon petit sondage ignore, qu’elle n’hésite pas à poster un commentaire (voir « Leave a comment » en bas de page). Sa réponse viendra alimenter la réflexion ;
petit 2) qu’il ne s’agit pas ici d’une étude sociologique, non, il s’agit d’ouvrir une boîte noire. De là l’anonymat des réponses, sans mention de l’âge, de la religion, du niveau social, etc.
petit 3) que très nombreuses ont été les femmes à déclarer qu’elles n’avaient jamais dit non à un homme (ou à une femme) qui voulait coucher avec elles – « pas si folles ! » Même si elles n’en avaient pas torridement envie et peut-être faudrait-il aussi savoir ce que dit une femme quand elle dit oui. Ce que cela cache. Mais ce sera pour une autre fois ;
petit 4) plusieurs femmes ont, peu ou prou, donné la même explication à leur refus ; ce dont mon petit sondage ne rend pas compte car plus que leur fréquence, c’est la nature des réponses qui importe ici.
Petit 5) enfin, je n’oublie que Pierre Bourdieu, en 1986, disait que « les sondages imposent aux gens des questions idiotes ou des questions qui n’intéressent que ceux qui les posent. Ce qui fait qu’ils produisent des réponses complètement artificielles. »
Okay ?
Allons-y Alonzo.
Cinq quatre trois deux un… partez !
Pourquoi une femme se refuse-elle au dernier moment à un homme ?
POURQUOI ?
« J’ai refusé parce qu’au dernier moment, alors qu’on s’embrassait et tout, il m’a avoué qu’il avait une meuf. »
« J’ai préféré qu’on en reste là parce que tout le village l’aurait su le lendemain. »
« Le mec puait et ce n’était vraiment pas possible. Alors que j’avais très envie de lui. Mais son odeur : je n’ai pas pu. »
« Il embrassait trop mal. Ce que j’ai découvert un peu tard, mais pas trop tard cependant… »
« Une fois, j’ai refusé parce que j’avais envie de faire caca. Mais impossible de le lui dire. Il a cru que je n’avais pas envie de lui, mais c’était faux. Il n’a pas insisté. On en est restés là. Je le regrette. »
« Il était trop brutal, trop entreprenant. Je ne sais pas. Je l’ai trouvé bizarre, hypernerveux et je n’ai pas eu envie d’aller plus loin. »
« Une fois, j’ai eu la flemme. Tout simplement. »
« Parce que ce soir-là, je n’avais pas assez bu. Pour coucher avec un homme, il faut que je sois un minimum ivre, sinon ça ne le fait pas. Je n’arrive pas à me laisser aller. Et il n’y avait rien à boire chez lui. Nul ! »
« Une fois, j’avais mes règles. Une autre fois, il était marié et j’aimais bien sa femme. Sans quoi, je n’aurais pas hésité. Ah, et une autre fois, j’ai dit non parce que c’était mon meilleur pote. On s’était roulé des pelles et juste au moment où ça commençait à devenir hyperchaud, j’ai dit qu’on ne pouvait pas. Ça ficherait en l’air notre amitié. Il a été d’accord. Mais sur le moment, c’était très intense. Ce qui est bien, c’est qu’on est restés amis et, parfois, on rigole de cette soirée. On se chauffe un peu. Mais lui est maqué maintenant, alors… En plus, sa meuf est super-jalouse de moi ! »
« Je sentais chez lui un désir trop fort de relation hypersérieuse alors que je voulais juste me le faire. »
« Ce soir-là, j’avais trop mal à la chatte parce que j’avais déjà donné la nuit d’avant. »
« Pour comprendre, il faut savoir que ma mère disait tout le temps qu’un homme, ce sont des belles épaules. C’est une carrure. C’est une épaule sur laquelle se reposer. Etc. Or, je devais avoir trente-cinq ans et un homme était amoureux de moi. Moi, je ne savais pas ce que j’éprouvais réellement pour lui. Mais un soir, j’ai décidé d’aller chez lui. Je me disais que je tomberais peut-être amoureuse si ça se passait bien. J’avais envie de tomber amoureuse et c’était un homme très bien. Donc, on passe la soirée, on s’embrasse, c’était bien. Lui a commencé à se déshabiller, il a ôté son pull, sa chemise, et là j’ai vu ce que je n’aurais jamais dû voir : il était taillé comme une bouteille de Perrier ! C’était affreux. Je n’ai pas pu. À cause de ma mère, finalement… »
« Je passe les fois où j’avais vraiment la migraine. »
« Je me suis dit que le lendemain matin, ça ne le ferait pas. Le découvrir au réveil dans mon lit : non ! On a continué de flirter et j’ai fini par lui demander de s’en aller. »
« Il me plaisait mais une fois chez lui, je l’ai trouvé très con. »
« Cet abruti considérait cela comme un dû. Un acquis. Comme ces mecs qui te mettent la main au cul comme ça, sans dire bonjour ni rien. Les manières n’y étaient pas. Évidemment, je ne lui ai rien dit. J’ai prétexté que je me levais super-tôt le lendemain et je me suis sauvée. »
« Après une fête, je suis rentrée chez moi avec un garçon que j’avais embrassé fougueusement une bonne partie de la soirée. Je le connaissais vaguement mais c’était la première fois qu’il se passait quelque chose entre nous. Sur le moment c’était assez fort. Je me suis pourtant refusée à lui, je ne sais pas, c’est assez indescriptible. Mais je sais avoir pensé à un moment qu’il ne me rappellerait jamais après. Ce qui a été le cas. »
« Je me suis dit qu’il ne me méritait pas. Au dernier moment, c’est vraiment ce que j’ai pensé. »
« À l’époque, j’étais bien décidée à rompre et, un soir, me voilà alcoolisée en train de ramener le beau gosse à la maison, que je venais de rencontrer dans une soirée. Nous voici torse nu sur mon canapé, commençant des préliminaires qui ne laissaient aucun doute sur la suite des événements. Lorsque me levant pour monter le son de la musique, il a dit : “Come to me baby !” J’ai aussitôt dessoûlé. Putain, j’étais encore tombée sur un tocard. Sans explication mais avec courtoisie, je lui ai demandé de se rhabiller et l’ai raccompagné à un taxi. Faut pas me déchauffer, moi, madame ! »
« Je n’étais pas épilée et impossible qu’il me voie dans cet état ! Absolument impossible ! »
« J’étais indisposée ce soir-là et je l’ai arrêté avant qu’il s’en rende compte. »
« Je portais ce soir-là une hideuse culotte de grand-mère (que moi j’adore). »
« Il était charmant mais ses sous-vêtements : ils étaient crades. Ça m’a dégoûtée. »
« J’ai eu peur que ce soit nul. »
« J’ai eu peur que ce soit trop bien. »
« Un jour je me suis refusée à un homme parce qu’on bossait ensemble et que je connaissais son ex. Et puis je le trouvais trop beau, super-intelligent, etc. : le mec parfait ! Je ne comprenais pas ce qu’il me trouvait. Du coup, un soir, il me raccompagne en bas de chez moi et, là, je lui dis non. Lui insiste, dit que c’est tout de même dommage… Rien à faire. Ma décision était prise ! De savoir que j’étais en train de faire une croix sur lui, je me rappelle en avoir ressenti sur l’instant une grande liberté, une espèce d’euphorie (comme quand tu as décidé de larguer un mec et il ne le sait pas encore… ah ah !). Bref, je lui donne une bise et je tourne les talons, le plantant là. Voilà comment je me suis refusée à l’homme… qui est finalement devenu mon compagnon. Car la semaine suivante je l’ai mis dans mon lit, faut pas déconner non plus ! »
« Un jour, je me suis enfuie juste avant de passer à la casserole en prétextant qu’on me livrait une Freebox très tôt le lendemain matin. Je ne lui ai pas dit qu’il ressemblait affreusement à un garçon que j’avais aimé des années auparavant et c’était trop bizarre. »
« J’avais juste envie de le faire chier. »
« Au dernier moment, c’est devenu – comment dire ? C’était trop prévisible, tellement convenu, ça m’a complètement angoissée. C’était comme si on était obligés de le faire et ça m’a coupé l’envie. »
« Il ne le savait pas, mais j’étais vierge et je voulais le rester le plus longtemps possible (j’avais 22 ans à l’époque). »
« On était en train de s’embrasser et tout, lorsqu’il m’a dit que cela faisait deux ans qu’il n’avait pas couché avec une femme et ça m’a complètement refroidie. C’est bizarre de ne pas faire l’amour pendant deux ans, non ? Je me suis dit que ça cachait quelque chose et je n’avais pas envie de savoir quoi. En tout cas, ce n’est pas avec moi qu’il a recommencé à faire l’amour. »
« J’ai eu peur qu’il me prenne pour une fille facile. Je regrette aujourd’hui parce que cela ne s’est finalement jamais fait avec lui. »
« Je lui ai dit non et pas qu’une fois ! Parce que je voyais bien que ça l’excitait. Il rampait carrément à mes pieds et moi, ça me plaisait de le sentir tout frétillant. J’avais l’impression de pouvoir faire de lui ce que je voulais. J’avais LE pouvoir ! C’était la première fois (et la dernière fois) que je menais un garçon par le bout du nez. C’était paradoxal. D’un côté, je le méprisais de s’avilir à ce point et, d’un autre côté, ça m’excitait qu’il s’humilie. C’était super-pervers. Complètement addictif. Je l’excitais et je le laissais chaque fois en plan au dernier moment. Il devenait fou ! Et moi aussi je n’en pouvais plus. Mais je n’ai jamais cédé. J’adorais trop avoir ce pouvoir-là sur un homme. J’ai fini par tout arrêter parce que ça devenait glauque. J’ai profité des vacances d’été pour couper les ponts. Le pauvre a toujours cru que je finirais par céder, mais moi, je savais qu’il n’en serait jamais question. »
« Je voulais rendre jaloux un garçon et, à une soirée où il était, je suis partie avec son meilleur copain. Sur l’instant, ça m’a super-excitée. Je savais que le garçon que je convoitais nous avait vus. Mais une fois chez le copain, toute l’intensité est retombée et je suis partie assez vite. Le pauvre n’a rien compris ! J’ai appris par la suite que le garçon qui me plaisait n’en avait rien à fiche que je couche avec son meilleur ami. Il n’en avait rien à fiche de moi. En plus, je crois que son meilleur copain m’a plutôt débinée – genre j’étais une allumeuse, etc. »
« Parce que je ne me donne pas comme ça. Et surtout pas le premier soir. Je suis très longue à me donner. Et si le garçon ne le comprend pas, tant pis pour lui. Je passe à autre chose. »
« Je ne l’aimais pas assez. »
« Je ne l’aimais pas tout court. »
« Il ne m’aimait pas. Il voulait juste coucher. »
« Il avait trop de maîtresses et je ne voulais pas qu’il m’ajoute à sa collection. Je ne suis pas un trophée. Et ça m’a bien plu de me refuser à lui alors qu’il croyait que c’était du tout cuit. »
« Parce que j’ai peur du sexe. Cela me fait trop d’effet. »
« Parce que lui dire non a été une façon de tester son désir. Heureusement il m’a rappelée. »
« Pour préserver ma réputation. »
« Il n’était pas assez riche. »
« Chez lui, c’était nul. Je n’ai pas du tout aimé l’endroit. Il n’y avait aucun livre nulle part et c’était trop chelou. C’est super-important de voir où vivent les gens. Ça en dit long sur eux. J’ai fait semblant de recevoir un texto et je me suis éclipsée. »
« Sur le moment, c’était un calcul pour qu’il me rappelle. C’était purement stratégique. Et ça a marché. »
« Je me suis dit qu’une fois que ce serait fait, il me jetterait comme une vieille chaussette. Il aurait eu ce qu’il voulait et il se tirerait comme les autres. J’ai préféré prendre les devants. »
« Je me suis dit que si on couchait ce soir-là, l’excitation retomberait. Or, j’avais envie de prolonger la tension sexuelle qu’il y avait entre nous. De la prolonger le plus longtemps possible. Une fois qu’on aurait baisé, je savais que ce ne serait plus pareil. Ce serait moins bien. On ne faisait donc que se caresser et j’ai connu des orgasmes vraiment intenses juste en flirtant avec lui (même si les flirts étaient assez poussés…). Bien plus intenses que lorsqu’on a fini par faire l’amour et j’ai d’ailleurs regretté d’avoir fini par céder. Je suis définitivement pour le flirt. »
« Parce que j’en ai marre de faire semblant et de compter les moutons pendant que l’autre prend son pied. »
« Parce que je ne suis pas douée au lit. Je crois que je n’aime pas ça. »
« Parce que je ne peux plus depuis ma maladie (un cancer du sein). Mon corps me dégoûte. Je n’ai plus confiance. »
« C’était juste pour le plaisir de dire non et de voir ce qui allait se passer. Bon, c’était nul finalement. »
« Parce que j’avais mon fils à la maison ce soir-là et j’ai eu tellement peur qu’il se réveille et qu’il débarque dans la chambre et me surprenne avec un homme qui n’était pas son père. En tant que maman, ce n’était pas possible. »
« Sur le moment, je lui ai dit non pour rire. Comme un jeu. Mais lui l’a très mal pris. Du coup, j’ai vu un aspect de sa personnalité que je ne soupçonnais pas et ça a été rédhibitoire. »
« Parce qu’il n’était pas le Prince Charmant. Ah ah ah. »
« Parce qu’il était trop beau. C’est bête à dire, mais j’ai pensé que je ne le méritais pas. »
« Parce que j’avais une bartholinite. »
« J’avais une MST à ce moment-là mais j’ai bien regretté. Bien sûr, je ne le lui ai pas dit. »
« Un soir, il est passé à l’improviste avec un ami et c’était clair que c’était pour un plan à trois. Je n’avais jamais fait ça, mais avec lui et son ami, je me suis sentie incroyablement partante. Ça m’a tout de suite excitée. Mais j’avais des copines à la maison ce soir-là et impossible de les virer. C’était trop embarrassant. Devant elles, j’ai eu honte, alors que moi, je n’avais pas honte du tout. Ils sont restés une petite heure et quand ils ont compris qu’il ne se passerait rien, ils sont partis. J’en veux encore à mes copines de n’avoir pas compris qu’elles devaient s’en aller. Et je m’en veux encore plus de n’avoir pas osé. C’était vraiment une occasion unique de réaliser un fantasme. Et plus jamais ce genre d’occasion ne s’est présenté. »
« À ce moment-là, ce n’était pas le bon moment. »
« À ce moment-là, je couchais utile. Il me plaisait bien, mais bon. Cela ne m’aurait rien apporté. »
« Parce que je suis lesbienne, c’est aussi simple que ça. Mais lui ne m’a pas crue. Ça l’a complètement déstabilisé. Il m’a bien fait rire sur le coup. On est devenus amis. »
« Parce que tout le monde baise de nos jours. C’est trop facile. C’est comme si coucher n’avait plus aucune importance. Eh bien non… Même si j’ai très envie d’un garçon, je ne veux pas qu’on couche comme ça. »
« Parce qu’il ne savait pas y faire. Un vrai empoté. Aucune sensualité. Un gros nul. J’ai le chic pour me tromper, je ne sais pas pourquoi. »
« Je n’ai pas aimé sa peau. C’est compliqué à expliquer, mais cela a été immédiat. »
« Il était super-velu, avec des poils sur les épaules et tout – un vrai singe ! Quand j’ai vu ça, ça m’a dégoûtée. »
« À un moment, j’ai réalisé qu’il en avait une minuscule et j’ai préféré qu’on en reste là. Alors qu’il me plaisait beaucoup. Bien sûr, je ne lui ai rien dit. J’ai commencé à lui raconter que ma vie était compliquée, etc. De sorte qu’il comprenne qu’entre nous c’était plus ou moins fini. Malgré tout, je pense qu’il n’a pas été dupe… Je pense que je ne devais pas être la première à lui faire le coup. »
« J’ai senti qu’il en avait une énorme, mais vraiment énorme, et ça m’a fait peur. Je suis sûre que j’aurais eu mal. »
« On n’avait pas de préservatifs et je lui ai dit que ce n’était pas possible. Je ne voulais pas prendre ce risque. Et lui non plus ne pouvait pas prendre le risque. Il a fini par admettre que j’avais raison. N’empêche, c’était vraiment frustrant et depuis, j’ai toujours un préservatif dans mon sac. On a regardé un DVD et on s’est endormis très sagement – je crois que c’était un DVD de Woody Allen. »
« Parce que ce sondage est fait par un homme. »
« Parce que c’est la bague au doigt, sinon rien. »
« Parce que je suis trop vieille maintenant. »
« Parce qu’il était trop vieux. »
« Parce que j’étais trop jeune à l’époque. »
« Parce qu’on accepte déjà tout le reste (le boulot, les cons, le chien des voisins…) et ça fait du bien de pouvoir refuser au moins quelque chose. »
« Parce que my heart belongs to daddy. J »
« Parce que ma mère en a tellement chié avec mon père et j’ai retenu la leçon. Je ne veux pas être malheureuse comme elle. Dès que je sens que ça pourrait marcher, je m’enfuis. Je me débrouille pour faire foirer le truc. C’est comme si je m’approchais le plus possible d’une flamme pour m’en écarter au dernier moment. »
« Parce que je suis très lente et qu’il était trop pressé. »
« Parce qu’il n’avait aucun humour au lit. J’ai compris ça très vite et, pour une fois, plutôt que de ne rien dire et de faire comme si tout allait bien pour moi alors que c’était faux, j’ai dit que je ne me sentais pas bien et je suis partie. »
« Parce que je n’ai aucun humour. »
« Parce que je suis complètement coincée. »
« Parce que j’ai dû mal à prendre du plaisir dès que je sens que l’autre pourrait en prendre avec moi. J’ai l’impression qu’il cherche à me l’extorquer. Du coup, il m’arrive souvent de refuser au moment où je devrais dire oui. »
« Parce que si le type obtient ce qu’il veut, il me plaquera. »
« Parce que si le type obtient ce qu’il veut, il va tomber amoureux, il va s’accrocher et je ne pourrais plus m’en débarrasser. »
« Parce que je manque d’assurance. »
« Parce que j’en ai rien foutre. »
« Je ne sais pas pourquoi j’ai dit non ce soir-là, mais j’ai dit non. C’est comme ça. »
À suivre…
« Parce que durant la conversation qui devenait toujours plus charmante, appuyée de regards qui ne laissaient aucun doute à l’issue de cette soirée, je me suis aperçue qu’il était séminariste »
Prudence – Paris
Parce que ce gros porc, bouffi, infatué d’un pouvoir qu’il imaginait être le seul à détenir se croyait tout permis, mais c’était juste un dégueulasse, con et répugnant, et comme ce n’était pas supportable, et malgré la terreur qu’il m’inspirait, je n’ai pas fait que repousser ses avances, je l’ai refoulé violemment, comme une merde, en lui gueulant dessus et en l’insultant. Et ça m’a vraiment fait du bien et presque plaisir ! Et tant pis pour ma carrière…
Parce que caresser l’idée d’une relation est un plaisir en soi. Pas un engagement à s’y tenir.
Parce qu’il avait l’air de penser que le fait que j’aie dit oui une fois suffisait pour les fois suivantes (qui n’eurent donc jamais lieu).
Une autre fois parce qu’il (pas le même homme) était entièrement épilé et que j’ai soudainement eu l’impression d’être au lit avec un enfant.
Une autre fois (avec un troisième) parce que j’étais tellement amoureuse que je pensais sincèrement que mon cœur n’y résisterait pas. D’ailleurs, quand j’ai fini par dire oui plus tard, mon cœur a effectivement assez mal résisté. Je date de ce jour mon entrée dans la catégorie des gens qui ne s’en remettent pas.
Parce qu’à ce moment-là de ma vie, il me fallait une bonne raison : il m’était impossible de me laisser aller aux fastes sexuelles sans que tout mon Être avec E majuscule et son chapeau – et ça montre bien où on se situe à ces moments : un poil trop haut – soit en total accord. Et ce n’était pas le cas. Parce qu’il y avait eu une enfilades d’autres fois ou le oui avait fait résonner a posteriori trop de mais pourquoi l’ai-je fait ? Alors cette fois-ci j’ai décidé d’anticiper. J’en ai conclu que si la raison est plus forte que le corps et que si le coeur commence à se faire des raisons qu’il semble enfin connaître c’est que le corps n’y est pas, hinc et nunc, tout seul. Dans le moment où le OUIIIIIIIII lascif et soyeux et chamarré et tout ouvert de voyelles se jauge avec le NON sec et frigide, bien fermé entre deux consonnes. Que la raison est avec lui, le non. Et avec le coeur. Et donc, s’il y a, dressé devant soi, tout ce méli-mélo de raisonsdecoeuretdecorps, impossibles à départager, même pas avec un espace tabulaire, ou à ignorer, caractère Arial ou Times, alors pourquoi se refuser à répondre à ces grandes interrogations existentialo-sexuelles et donc, passer le reste de la soirée à trouver des réponses plutôt qu’à respirer langoureusement avec humidité épanchée aux commissures des lèvres ahhhhhhhoooohhhh… le tout plus ou moins feint car la première hésitation trace un sillon bien vicieux dans laraisonlecoeuretlecorps. Et ça cocotte tu le sais très bien. C’est ce que j’ai décidé. Il n’y a pas eu de regret pour cette fois. Il y a eu ensuite tous les regrets de mon obstination à atteindre une forme de grand rassemblement laraisonlecoeuretlecorps. Le Grand Rassemblement qui nous fait voltiger sur les Ailes de l’Amour. Amen. Putain d’Amour à la con.
Et envisager le grand schisme de l’amour et du cul… Une collègue m’a dit (pendant que mon nez traçait une belle fresque faite de morve sur son manteau – vive les rencontres matinales avant le travail après une soirée larmoyante sur sa pauvre vie sexuelle et affective) : « Tu es trop profonde. » Trop profonde. Alors j’ai ouvert bien grand ma porte trop profonde à la superficialité, épaisseur 0.5 mm. Et PAF !
(ellipse narrative)
Maintenant je dis non parce que je ne comprends pas pourquoi LUI s’est refusé à moi… et que, par suite de conséquences, ma profondeur a trouvé comme compagnon de route la décrépitude teintée d’une pointe d’humiliation.
Parce qu’il a parlé pendant plus de deux heures. Quand il a enfin proposé qu’on « passe à côté » tout mon désir était retombé.
Il y a aussi cet autre qui m’a emmenée chez lui après une longue promenade très animée, excitante. Sa chambre ressemblait à celle d’une vieille dame triste : grosse armoire à glace collée au pied du lit, boiseries vernies, édredon satiné. Je me suis crue dans un cercueil, je me suis enfuie.
Parce qu’il ne bandait pas et qu’il était trop ivre pour que ça change, il insistait mais je voulais lui éviter l’humiliation.
Je me suis faite passer pour la fille super chiante qu’il ne pourrait pas avoir par gentillesse, qu’on puisse continuer à se raconter la bonne histoire. Surtout parce que je n’avais pas envie que l’on se rencontre vraiment, ce qui aurait été nécessaire pour faire du sexe sans son sexe en érection.
Parce que j’étais con.
Le premier, j’ai encore du mal à comprendre parce que nous étions allés assez loin… J’avais 20 ans, nous étions au lit et j’ai un peu honte parce que je l’ai vraiment chauffé. Au dernier moment je n’ai pas voulu, j’ai refusé de retirer ma culotte . Je crois que quelque chose en moi ne voulait pas que ça arrive pour de vrai, je préférais que ça reste un jeu. Il me faisait vraiment la cour. Je recevais des lettres d’amour (les seules que l’on ne m’ait jamais écrites), je trouvais des fleurs devant la porte de mon appartement, il me faisait de vraies déclarations, m’appelait Lolita. Un soir, à une fête je l’ai vu essayer d’embrasser une fille (beaucoup plus âgée que moi), quand je le lui ai dit il s’est mis à genoux devant moi pour me demander pardon. Il en faisait trop. Je n’y ai pas cru. J’ai compris que c’était un coureur. Alors ce soir-là, au lit, je me suis certainement aussi protégée mais je crois que jusqu’au dernier moment j’ai hésité.
Le deuxième, c’était il y a 4 ans. J’étais en plein chagrin d’amour. Une histoire folle et atrocement douloureuse. Je venais d’apprendre – entre autres – que j’étais depuis 10 ans, certainement la femme la plus trompée de France… (je rigole mais pas tant…). Au milieu du chaos il y a eu une rencontre magique. Un soir je suis allée chez lui. Enfin, chez lui et sa femme qui n’était pas là. Nous avons beaucoup bu. Il me plaisait mais quand il a voulu m’embrasser et plus tard m’emmener dans la chambre je n’ai pas pu. L’idée de faire ça à une femme, c’était au-dessus de mes forces… Et puis dans leur appartement, leur chambre, c’était impossible, je n’aurais jamais pu, je l’aurais imaginée allongée près de nous dans le lit. Une horreur.
J’étais aussi totalement sous emprise de l’homme dont je me séparais, c’était comme si je lui appartenais et j’avais complètement perdue confiance en moi.
Trois ans plus tard, le désir l’a emporté mais je ne suis pas sûre que ça ait été l’idée du siècle….
Une autre fois aussi, (ça faisait quelques mois qu’on couchait ensemble mais on ne partageait pas de vraie intimité), je n’étais pas épilée, j’ai refusé qu’il me voie comme ça..
(Je veux dire de vraie intimité autre que le sexe).
Je réfléchis et constate qu’il y en eut peu des fois où.
Peu d’espace entre la première parole et la nudité. Je veux dire, il y a ceux avec qui la question ne se pose pas – souvent, ceux qui lisent, les érudits, les lettrés, ceux du verbe, les pâles, transparents à mon appétit – et ceux que mon désir a déjà consommé avant même que la question se pose – le corps, alors, simple acquiescement –souvent les étrangers, les ouvriers, les taiseux.
Trois souvenirs, quand même. Deux flous, collectifs et anciens. L’autre précis, individuel et récent. La peur, au centre.
1) Ces hommes que je séduisais seulement pour, rescapée des caves, franchir la violence urbaine, incapable de rentrer au domicile sans escorte dans la nuit parisienne. Ceux-là, parfois, avaient la mauvaise idée d’être des transparents. Je brandissais le viol en séquelles, ça faisait de l’effet, on me foutait la paix et j’attendais, impatiente, le surgissement des taiseux.
2) Je n’ai jamais utilisé de préservatif. Pourtant les hommes, ça a longtemps défilé. Pulsions de vie, pulsions de mort. J’ai dû essayer de dire non par peur du sida, parfois. Y réussir, je ne crois pas.
3) Je sortais, à 40 ans, d’une longue histoire passionnelle avec un doux gangster. Vertige bénin paroxystique, genre elle a perdu des hommes mais là elle perd l’amour. Plusieurs mois sans émoi. Corps inerte. Un matin, je marche, rue des Pyrénées, un homme, dans l’autre sens, genre le pont de l’alma des joyeux noëls de Barbara. Lui donc, beau, noir, noir, beau. Je souris. Retour à la vie et lui dis, ce que vous êtes beau.
24 heures et quelques textos plus tard – le temps de oh merde il n’écrit pas le français, et déjà ça sent la routine – on boit dans un café. Il sent bon le parfum, est chic comme un béninois, on s’embrasse et il n’y a plus que pores, effluves, tensions, peaux qui lissent et dents qui choc.
Dans la rue dans la nuit ses mains sur (sous ? dans ?) mes fesses. Il est d’une force sculpturale et oui je sais le regard de la bourgeoise blanche sur l’homme noir dans la nuit noire. Mon désir est fou. Nous faisons presque l’amour. La peur monte. La mienne. Celle des caves. Celle qui me suit. Je vois toutes les égorgées qui m’ont précédées. Je vois Guy George. Et je veux qu’il m’étrangle et j’ai peur qu’il me frappe. Je suis partie en courant me jeter dans le bus 76 qui passait.
Elle n’a pas dit seulement non.
Elle vous a dit, je vous lis:
« Ne faites pas ça, s’il vous plait, non, s’il vous plait. Non! S’il vous plait! » .
Son « s’il vous plait » est lié à la peur, on ne dit jamais « non s’il vous plait », on repousse l’homme physiquement, on le pousse ou on se soustrait à lui, on s’ecarte, on s’en va.
Ce n’est pas ce qu’elle a fait.
Je me suis déjà refusée au dernier moment, c’est mon corps qui s’est refusé, écarté de son corps à lui. Je n’ai pas eu besoin de lui dire quoi que ce soit et encore moins « Non s’il te plaît »
Son « s’il vous plait » est une demande de quelqu’un sans défense, une enfant qui n’ayant pas la force physique de repousser un homme le supplie de ne rien faire.
Elle ne s’est pas refusée.
C’est autre chose.
Parce qu’il allait s’attacher, ce con, c’était évident… il avait déjà le look transi et le regard merlan frit, c’était pas le genre one shot… et moi, je voulais du ludique, du léger, du fugitif (j’en avais tellement connu de ces mecs teigne ou pou ou tique, qui s’accrochent sévère, qu’il faut finir par repousser au fly-tox… tous ces pauvres chéris dont le projet baise s’effondre, leur petit pincement caudal, leur moue débitée !).
Je serais tombée dans ses bras et draps, et lui en pâmoison (sans aucune vantardise quant à mes effets aphro) et il aurait voulu réitérer, c’est sûr, quelque médiocre eût été l’accouplement. Je ne voulais en aucun cas être assiégée, assiduée, tenue d’expliquer, obligée d’user de mes talents de flingueuse…
J’ai donc déclinée, l’invit à dîner et dans son adulation… t’as de beau zeugmes, tu sais (attention copyright !).
Bon, j’écris là parce que je ne sais pas où écrire mais c’est important :
Niveau 1
Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un bouquin qui m’enchante autant. C’est drôle, c’est inventif. Je m’interdis de lire vite pour qu’il dure le plus longtemps possible. Je ris à voix haute. Je déguste.
Niveau 2
Je me suis retrouvée dans TOUS les personnages. Beaucoup, beaucoup, beaucoup ! Etranges sensations…
Niveau 3
Du coup, je sais exactement pourquoi M. s’est refusée à vous (hé hé) :
Parce que chat échaudé craint l’eau froide. Parce qu’elle a déjà vécu de tels moments. Qu’elle n’a jamais su résister.
Et qu’à ce stade de sa vie elle a déjà vérifié que tout finit TOUJOURS par se savoir. Qu’il faut TOUJOURS à un point donné se justifier et subir les foudres de son entourage, surmonter sa culpabilité. D’avoir trompé, d’avoir trahi.
Mais plus que ça encore, elle SAIT que ce prélude est si intense qu’il ne peut que s’émousser. Forcément. Même si on se le jure, même si on lutte.
Elle le sait. Elle l’a déjà vécu plusieurs fois. Et la simple idée qu’un tel tableau puisse être terni, même un tout petit peu, lui est insupportable. La première dispute, la première déception, elle ne veut pas les vivre.
Et puis elle a lu Belle du Seigneur. Forcément.
Niveau 4 : Niveau de la cerise sur le gâteau
Leslie Tomson. Diiiiiiiiingue !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Je termine le livre 1 dont la lecture se cristallise en une ligne de la page 742.
20.1.3
Identification d’accord, plaisir d’accord. Mais en lisant ces presque 900 pages, je me sens défendue.
Défendue, et augmentée.
Merci pour ça.
(Très proche du témoignage de Minaret).
Mariée avec un éjaculateur précoce, c’est une vie conjugale au bord du gouffre. Un soir de retour de soirée tendue sexuellement, nus ensemble, j’ai été prise d’un dégoût profond lors des préliminaires. Il puait l’alcool et je connaissais la suite prévisible. J’ai dû feindre un malaise éthylique pour me dégager de ses mains, et courir aux WC pour feindre des vomissements… la fuite m’a été fatale… le lendemain, à jeun, la tension toujours présente, j’ai dû fuir de chez moi (faire des courses) pour ne pas nous humilier davantage. Là, il ne s’agissait pas d’amour, de communion, mais de décharge d’anxiété à subir. Beurk.
Parce que, sur un banc, en septembre, à Paris, vêtu de noir et pensant me consoler, il m’a dit que je m’entendrais bien avec les personnes autistes.
Il a ajouté, espérant pouvoir encore se rattraper : « Vous êtes belle, fragile, intelligente… ».
Depuis 12 ans, malheureusement, c’est lui qui est autiste.
J’attends toujours.
M.D.
Par peur de trop aimer ça (l’homme et l’intimité avec lui).
Par peur de ne plus être aimée ?
Je cherche je cherche eh bien non je n’ai jamais dit non. Non avant. Pendant non plus mais je l’ai pensé, quand lui passe en mode superwild alors que j’en suis encore a faire chauffer le diesel, pas synchro sur les vitesses donc, ou les positions voire, je me retrouve secouée à 300 dans la descente, ca va exploser, vais je arriver entiere sans perdre une jante veux je dire? c’est terrible! là je me dissocie, mon cerveau me dit relax relax, c’est une experience, soyons curieux, puis relax, ca va aller vite, ce qui est en general vrai. Merci pour la prise de conscience, je vais y reflechir.
Sinon j’ai categorisé les reponses sus citées sur mon petit carnet, j’en ai trouvé 20. 20 motifs au moins pour dire non.
Ca fait reflechir sur la complexité du systeme quand on dit oui. Pour que les parametres soient coherents. Vous la voyez la table de mixage son complexe? D’autant que ça fait 20 fois 2 donc 40 parametres a concorder. La veine. La magie du truc quand ca le fait.
Ou le dire ailleurs : merci merci merci Mr GB, j’ai eu l’etrange impression de lire mon propre chaos psychique, là, couché sur le papier, même forme, même fond, même debit, ca a été epuisant et apaisant aussi en fait…comment est ce possible? on n’a pas du tout les memes inducteurs d’histoire de vie. Mystère du cerveau émotionnel. Et ouf, je n’ai encore tout lu, à suivre…