LIVRE 1

M comme misère. M comme méprise.

M comme mésange. Comme maison bleue. Comme matelas et merde et maudit.

M comme mardi 29 novembre 2005. Comme classe moyenne. Ma Nuo, 22 ans. Main langoureuse.

M comme meinture de mantalon, muicide, migne astrologique, monton de fortune, motes de mon petit carnet, Matricia, merrasse de café, Monsieur Gicle.

M comme mort, mors aux dents, danke schön, Sean Connery, avec un grand C, c’est la vie.

M comme celle dont je n’ai pas encore parlé.

Comme machine à café. Comme magie. Comme miracle. Comme magnétisme. Comme l’amour est aveugle et Cupidon s’en fout.

Comme un pigeon blanc ou deux éclairs ? Comme deux bœufs refusant d’avancer ? Comme un « coup de vent » ?

Ou alors M comme miasme. M comme Max. Comme mail. Comme miasme (de nouveau). M comme Maintenant.

Comme le clou de mon spectacle.

M comme quoi ? Comme le vin qui fait découvrir le vin.

M comme – quoi ?

M comme MacGraw. Comme Blanche ou l’oubli. Comme McCoy. Comme Maldoror. Comme la femelle de requin.

M comme sirène. Comme amazone. Comme Mina. Comme le chiffre 342, tu es prévenue.

M comme bête.

M comme mer.

M comme musique. Comme mes musiques free et M comme mon Für Alina. Comme mon Wind cries Mary et ma Villanova Junction et M comme musique, oui. Comme mes origines de la musique et M comme Coltrane. M comme ma Favorite Things, mon Love Supreme, toutes les musiques dignes de ce nom. M comme l’improvisation qui serait celle de la vie. M comme blues. M comme mon blues.

M comme paroi. Comme paléolithique. Comme jument fantastique, mi-bison mi-rhinocéros laineux.

M comme mon Miroir.

Comme ma collection Arlequin.

Comme toutes mes mythologies personnelles, absolument toutes.

M comme couac !

M comme l’autre (Adorno) disait que « Les dissonances effraient l’auditeur, car elles lui parlent de sa propre condition. »

M comme Marnie. Comme méfiance. Comme gaffe à mes arrières. Comme la Pensée 688 dans l’édition Lafuma (ou 323 dans l’édition Brunschvicg).

M comme Lady. Lady M.

M comme millions colossaux. Comme Morse. Comme un langage codé. Comme une fille de la haute et Martin Eden comme le prolo de service.

M comme l’inconnu social, en plus de tout le reste.

M comme ma sœur humaine. Comme Roméo et Juliette. Comme voltigeuse. Comme sac.

M comme M comme M comme merci mon dieu. Comme je vous salue pleine de grâce. Comme Montjoie. Comme elle me manque déjà.

M comme ma nouvelle adresse. Comme l’invention originelle du manque. Comme mon nouveau chez-moi. Mon sweet home et mon sweet lord et mon sweet sweetback.

M comme miel.

M comme un Américain à Paris. Comme MinnelIi. Comme Muffins. Comme un phénomène météorologique exceptionnel. Comme grosse chaleur. Comme mon passage à l’heure d’été – youpi !

M comme Mars.

M comme « L’Empire des sens au fil du temps ». Ou « L’empire du temps au fil des sens ».

Comme une façon audacieuse de me ridiculiser.

Comme 1 chance sur 13 millions.

Comme le début de quelque chose et la fin de quelque chose

M comme mon deuxième volume dans l’existence. Comme un livre à paraître bientôt. Comme mon usage des plaisirs. Comme une conquête. Comme ma féminité révélée. Ma féminité retrouvée. Comme la possibilité de devenir un homme, un vrai, un entier.

M comme morte sur le trottoir.

M comme limbes. Comme Ingrid Bergman. Comme mon âme sœur. Comme too much.

M comme ma sorcière bien-aimée et M comme dans le cas de ma mère et quelle – quoi ?

M comme : le feu par le feu ? Comme : théurgie ? Comme : quoi ? Peux-tu me le dire ?

M comme Annonciation (près de la machine à café de marque Illico) et M comme Réincarnation (d’Ali MacGraw) et M comme Absolution (du suicide de ma mère au téléphone).

M comme Munich 1938. M comme Manon des sources. M comme il le fallait. M comme enracinée en moi.

M comme mijaurée, ah oui ! M comme petite nature. Comme Chigliteuse de première. Comme la moutarde qui me montait finalement au nez et M comme Non.

M comme Féerie pour une autre fois.

M comme muqueuses. Comme tornade. Comme cataclysme. Comme Kathrina. Comme le bazar dans ma vie. Comme ma destruction en marche. Comme Lola qui t’en iras bientôt.

M comme morsure. Comme cheval sauvage. Comme licorne et voici deux nouvelles entrées pour mon glossaire (il faudra que je pense à les compiler en annexe).

M comme La Mort aux trousses.

M comme le danger sans le risque, le frisson sans la peau, la brûlure sans le feu, la cause sans la conséquence, la joie sans la tristesse, les problèmes sans les ennuis, la vie sans la mort, la bière sans l’alcool, la possibilité sans le passage à l’acte, l’amour sans le faire : quel bonheur !

M comme la soixante-neuvième fortune de France qui disait « ne s’épanouir que dans la fiction, même si la vie avait plus d’importance ».

M comme lâcheté. Comme Corneille finalement, plutôt que Racine.

M comme suspens. Comme épuration de la passion. Comme un thriller haletant qui avait assez duré.

M comme chance. Comme meurtre. Comme mouise. Comme métamorphose et comme tous les mots en M présents et à venir. Comme malheur, chagrin, amertume, frustration et, au final, un clou chasse l’autre, dit-on.

M comme Malraux, je vais me gêner.

M comme Desperate Housewives. Comme misère, comme « ortie brûlante », comme mélodie infinie.

M comme meuh.

M comme Marthe et M comme miracle. M comme le vol 292 et M comme « The Revolution Will Not Be Televised ».

M comme KO debout. Comme prison. Comme geôle. Comme bagne. Gnouf. Cachot. M comme taule.

M comme cancer. Comme une maladie, ainsi que je le subodorais dès le début.

M comme mitard.

LIVRE 2

M comme peuh.

M comme mon ultime possibilité de la reconquérir à mes propres yeux vu le mal que je me donnais.

M comme méthodiste, finalement. Comme ex-voto. Comme myopie, en plus de tout le reste ?

M comme à la prunelle de tes yeux. Comme Moby Dick. Comme fréquence anormale. Comme 52 Hz.

M comme l’Enfer.

M comme Plurien.

M comme nacres. Comme ballon. Comme nacres. Comme Médor. Comme Mission impossible et M comme Miles Davis niera avoir eu connaissance de vos agissements.

M comme enregistrement pirate. Comme bootleg. Comme déflagration. Comme black-out. Comme CRAC !

M comme Sisyphe. Comme Mouzin, prénom Estelle.

M comme manor. Comme au premier jour, comme sainte-nitouche, comme travaux pratiques. Comme Métilde Viscontini Dembowski.

M comme Mort.

M comme mes Mille et une nuits. Comme Trois mille six cent cinquante nuits.

M comme mauvais karma.

M comme poker.

M comme si elle ne s’était pas encore mariée et M comme chiotte. M comme flop. M comme zoom – ce mot manquait à mon glossaire.

M comme méchanceté.

M comme morte. Comme un résumé de ma vie et de mes plaisirs désormais. Comme spectre flottant au-dessus du lit. Comme Fight club. Comme ménagerie. Comme vivarium. Comme arche de Noé. Comme roulette russe. Ou comme mon frère m’avait confié qu’il s’était senti « soulagé » lorsqu’il avait appris qu’il avait le sida.

M comme mon 5 à 7.

Comme petite fourmi. Comme une présence tapie dans l’ombre. Comme un bruit suspect dans la nuit. Un mouvement furtif dans l’obscurité. Un fantôme au cœur des ténèbres. Une comète cherchant à m’égorger. M comme angoisse. M comme crise de spasmophilie. Comme « Om ». M comme spectre.

M comme ce type qui ne sortit pas seulement de la grotte obscure : il sortit aussi du cinéma.

M comme accident de la route. Comme ma mauvaise rencontre. Comme Margret. M comme Margret.

M comme Doña Jerónima de Las Cuevas. Comme un camouflet bien camouflé. Comme mauvais film. Comme clone, même si on ne le dirait pas.

M comme musique. Comme son plus bel air. Comme « ré la fa si la do si fa mi ». Comme Music for a Beauty Spot. Comme Erik Satie.

M comme Béatrice !

Comme mon rendez-vous avec Béatrice. Comme le négatif de Béatrice. Comme son antiparticule.

M comme mue. M comme mon dernier cycle psychique. Comme le monde tel qu’il était avant que Dallas n’inverse les pôles et M comme psychopompe. Comme Magritte puisque ceci n’est pas Béatrice, non, c’est Béatrice.

M comme la couverture de La Source sacrée. M comme le fantôme de Béatrice. Comme les minuties de Béatrice. Ou comme Ubik. Ou comme mes Métamorphoses d’Ovide.

M comme Béatrice et comme bactérie.

M comme le poids du passé. Le sortilège du passé. Sa griffe.

Comme Le Grand Meaulnes et M comme Yvonne de Galais-Quiévrecourt.

M comme la pseudo-Béatrice. Ou l’inverse. Ou bien M comme ma comédie de remariage. Comme ma tragédie de remariage, plutôt. Comme ma Philadelphia Story.

Ou M comme la comtesse. Comme ma Vénus à la fourrure. Comme le retour de Martin Guerre. Comme Howard Hawks tourna en 1959 Rio Bravo et, en 1966, tourna El Dorado et c’était exactement la même histoire sept ans plus tard.

M comme l’Invention de Morel. Comme L’Année dernière à Marienbad. Comme le prolongement de Béatrice. Sa conjugaison. Son bégaiement. Sa consolidation, comme on dit d’une névrose. Sa reproduction. Sa duplication. Son clonage. Sa résurrection. Son éternel retour. Son écho. Son cycle périodique, tous les 30 ans.

Ou bien M comme Pygmalion et Béatrice comme ma statue de pierre faite chair. Comme le mot doublure signifie un acteur remplaçant au pied levé la vedette et M comme celle qui joua toutes les doublures de Béatrice. M comme tôle laminée.

Ou M comme une planète passe devant son étoile et provoque une éclipse visible seulement dans cet alignement parfait et M comme ma Lune qui avait rendez-vous avec mon Soleil. M comme celle qui tira tout son prestige de Béatrice car il faut bien que le prestige vienne de quelque part.

M comme les derniers feux de Béatrice. Son dernier souffle.

Ou comme Gérard de Nerval. Comme le nom de guerre de mon Premier Amour. Comme la pensée 688 dans l’édition Lafuma. Comme les trois cartes qui lui appartenaient et deux qui venaient de Béatrice.

M comme boum.

M comme Melle d’En-Face. Comme Miss Opposite. Comme « l’objet nuit à l’amour ». Comme montée et descente (d’un escalier). M comme M.C. Escher.

M comme anticorps (ce n’est rien de le dire !).

M comme morphing. Comme un cétacé remonte à la surface. Comme ma baleine blanche. Ma Moby Dick. Comme cet enfoiré de J.R. qui finit toujours par s’en sortir comme une fleur.

M comme la mort plus forte que la vie

M comme Kafka qui disait, je cite : « Et encore, vous n’avez rien vu ! »

M comme mes retrouvailles avec Pénélope trente ans plus tard.

M comme Ménines. Comme l’effet clinamen de Béatrice. Comme conclusion. Comme magnitude.

M comme Schmilblick.

M comme l’histoire n’arrête pas de reculer pour mieux sauter et M comme cover girl. Comme un standard. Comme Summertime par Albert Ayler. Comme la copie neuve de Béatrice. Comme Milady. Comme celle venue en finir avec Béatrice. Revenue la tuer. Son assassin.

M comme la possibilité, malgré tout, de s’en faire une idée grandeur nature.

M comme poupée. La poupée M.

M comme mauvaise direction. Comme une histoire de coups. Comme un match de boxe. Une partie d’échecs. Comme un coup du sort après l’autre, frappant chaque fois à un endroit différent de la cuirasse. Comme cherchant son défaut. Comme une volonté de m’accabler de toutes les façons possibles.

M comme Merteuil. Comme malédiction.

M comme mots. Comme parvenir enfin à dire.

Comme Belgique. Comme mensonge. Comme doublure. Comme Marty Balin. Comme Meredith Curley Hunter. Comme mur. Comme instinctivement sur la défensive. Comme mistigri.

M comme une malpropre.

Comme conspiration du passé.

Comme la Maison de l’Horreur.

Comme une vaste crise de somnambulisme ayant duré dix-huit mois et quatre millions de signes et M comme maladie. M comme envoûtement. M comme merveilleux jusqu’à M comme mort.

M comme The New Thing.

M comme Béatrice.

M comme Béatrice.

Au commencement de M comme Jacqueline Roque.

M comme ceci ou M comme cela.